Aujourd’hui, je veux parler d’une figure qui n’a pas toujours la reconnaissance qu’elle mérite : N’Game, la déesse africaine de l’âme. Depuis des siècles, les cultures africaines vouent une profonde vénération à cette divinité, qui est censée présider aux questions relatives à l’esprit et à l’au-delà. Des Yorubas du Nigeria aux Baoulé de Côte d’Ivoire, N’Game a joué un rôle essentiel dans les pratiques religieuses et spirituelles de nombreuses communautés africaines. Mais malgré son importance, le N’Game reste relativement peu connu en dehors de ces cultures. Prenons donc le temps de la découvrir aujourd’hui et d’explorer sa riche histoire et son importance dans la mythologie africaine.
Le peuple Akan, présent principalement au Ghana et en Côte d’Ivoire, forme un groupe culturel riche de plusieurs sous-ethnies telles que les Ashanti, les Baoulé, les Agni ou les Fanti. Leur spiritualité repose sur une conception cyclique du temps et une vénération profonde des ancêtres. La divinité suprême, N’Game (ou Nyame), est au centre de leurs croyances : elle est une déesse créatrice, invisible, source de toute vie et harmonie cosmique.
Autour d’elle gravitent de nombreuses entités : esprits de la nature, génies protecteurs, et ancêtres défunts, tous liés par des rituels, des contes et des symboles. N’Game, souvent comparée à Artémis dans son essence protectrice et mystique, incarne à la fois la fertilité, la justice, l’équilibre et la puissance féminine sacrée.
🔎 Les contes mythiques comme transmission du divin
Les mythes akan sont bien plus que des histoires : ce sont des archives vivantes de la cosmogonie et de la morale collective. On y retrouve l’histoire de la femme araignée Ananse, médiatrice rusée entre dieux et hommes, ou encore celle de la corde brisée entre ciel et terre, métaphore de la perte du lien originel avec N’Game. Ces récits, souvent transmis par les femmes, enseignent des principes moraux, sociaux et spirituels essentiels.
🌿 Rituels, jours sacrés et lieux initiatiques
Les Akan respectent des jours sacrés comme l’Akwasidae, célébration liée aux ancêtres royaux. Les sanctuaires naturels (arbres, rochers, rivières) deviennent des lieux d’initiation et de dialogue avec l’invisible. Ces rituels visent à maintenir l’équilibre entre les mondes. N’Game est honorée lors de ces cérémonies à travers des chants, des danses et des offrandes dédiées à la Mère divine.
🌟 Symboles et objets de pouvoir
Les symboles Adinkra jouent un rôle fondamental : chacun exprime une valeur, un proverbe ou une vérité spirituelle. Le « Gye Nyame » signifie « sauf Dieu », affirmant l’omnipotence divine, ici incarnée par N’Game. Les objets rituels (tabourets sacrés, bijoux, tambours) contiennent l’esprit des ancêtres et sont souvent placés sous sa protection.
🔶 Le rôle des femmes et des anciens dans la tradition spirituelle
Chez les Akan, la spiritualité est portée par des figures fortes : reines-mères, devineresses, prêtresses. Le matriarcat structure la transmission, et les anciens (Nananom) sont gardiens de la mémoire mystique. L’éducation religieuse se fait par imitation, conte et pratique communautaire. Le rôle des femmes est central dans la perpétuation du culte de N’Game.
🏛️ Patrimoine immatériel et héritage mondial
Les croyances akan font partie du patrimoine immatériel de l’humanité. Leur influence se retrouve dans la diaspora afro-caribéenne, du vaudou haïtien aux cultes afro-brésiliens. Cette survivance atteste d’une résilience culturelle face à l’histoire coloniale et esclavagiste. N’Game y réapparaît sous différents noms et formes, symbole d’une spiritualité transmise malgré l’oppression.
N’game mais qui est-elle ?
Dans la cosmologie akan, N’Game (aussi appelée Nyame chez les Ashanti) est une déesse suprême, invisible, omnisciente et omniprésente. Elle ne s’adresse que rarement aux humains, laissant ses émissaires, les abosom (divinités secondaires), guider les affaires terrestres. Cette distance traduit une profonde humilité devant le mystère de la création. N’Game est également honorée comme gardienne du cycle de la vie, associée à la lune et à la nuit, tout comme Artémis dans la mythologie grecque.
Dans la cosmologie akan, nous apprenons l’existence de la déesse de la triple lune N’Game.
N’Game est souvent représentée comme une figure belle et royale, à la présence sereine et douce. Selon la légende, elle est responsable de la sauvegarde de l’âme humaine, assurant son passage en toute sécurité vers l’au-delà.

Dans de nombreuses cultures africaines, la mort n’est pas considérée comme la fin de la vie, mais plutôt comme une transition vers un autre monde. On croit qu’après notre mort, notre âme reste active et continue à jouer un rôle important dans le monde des esprits. N’Game est la déesse qui veille sur ce monde et s’assure que les âmes des défunts sont prises en charge.
Il ne faut pas la confondre avec le Dieu suprême Akan Nyame.
Elle est à la fois créatrice et reine, déesse de l’autorité divine et du pouvoir féminin. Son culte est très ancien.
Elle est vénérée en Afrique de l’Ouest, en particulier par les Akans du Ghana, chez qui l’on trouve de vieilles histoires de liens avec la prêtrise et les enseignements de l’Égypte ancienne.

Selon le mythe Akan, N’Game animait les êtres humains en tirant des flèches dans leur cœur avec son arc. Elle porte un arc en forme de croissant et ses flèches donnent aux hommes et aux animaux leur âme à la naissance, le don de la vie !

Son importance pour les Akans
Les Akan croient que Ngame met une partie de son essence spirituelle dans les êtres humains, sous la forme de l’âme humaine « kra ». Cette âme est impérissable, contrairement au corps humain.
Les Akan ont un dicton : « Nipa wu a, na onwuee » – « Un être humain meurt, mais il n’est pas mort ».
Selon leur croyance, le corps physique peut mourir, mais l’âme qui vient de Ngame est toujours vivante, les Akan croient qu’elle se réincarnera.
Lorsqu’un enfant naît, les Akan lui donnent un nom d’âme, un « kra din ». Ce nom d’âme peut être le nom du jour de la semaine où la personne est née. Ngame est la déesse Akan de la lune.
C’est une déesse mère qui a créé toutes les choses. Elle est la mère du soleil et donne naissance à chaque jour pour qu’il éclaire le ciel.

L’héritage de N’Game
L’un des aspects les plus intéressants de N’Game est la manière dont elle reflète la nature complexe et multiforme de la spiritualité africaine. Bien qu’elle soit souvent associée à la mort et à l’au-delà, N’Game a une signification beaucoup plus large et plus nuancée. Dans certaines cultures, elle est également considérée comme une déesse de la fertilité, chargée d’aider les femmes à concevoir et à donner naissance à des enfants en bonne santé. D’autres la considèrent comme une protectrice et une pourvoyeuse, une personne qui veille sur ses fidèles et les aide à relever les défis de la vie.
Ce que je trouve particulièrement fascinant chez N’Game, c’est la façon dont elle incarne de nombreuses valeurs et croyances fondamentales de la culture africaine. Son profond respect pour l’âme et le voyage de l’esprit après la mort souligne l’importance de la communauté et des liens, qui sont des aspects essentiels de la vie sociale et culturelle africaine. En outre, son rôle de figure maternelle et de protectrice reflète le rôle central de la famille et de la parenté dans les sociétés africaines.
En définitive, N’Game représente un héritage riche et durable de la mythologie et de la spiritualité africaines. Elle nous rappelle les traditions vibrantes et diverses qui ont façonné la culture africaine pendant des siècles et qui continuent d’inspirer les gens aujourd’hui. Prenons donc le temps d’honorer cette incroyable déesse et d’explorer les profondeurs de sa sagesse et de sa signification.
Ngame & Artémis Similitudes
On ne peut s’empêcher de voir des similitudes avec l’autre célèbre déesse de la lune: Artemis.

Dans l’Antiquité, différentes étymologies du nom d’Artémis ont été suggérées. Platon associe le nom d’Artémis au terme grec ἀρτεμής / artémếs, signifiant « intègre, sain et sauf », indiquant ainsi l’intégrité et la décence, en lien avec son amour pour la virginité. Cependant, cette association avec la virginité n’est pas originelle. D’autres sources rapprochent son nom du terme ἄρταμος / artamos, qui signifie « boucher », faisant d’Artémis « celle qui tue ou qui massacre ».

N’Game et Artémis partagent certaines similitudes dans leurs rôles de déesses de la chasse et de la lune. Toutes deux sont connues pour leur force, leur indépendance et leur lien avec la nature. Elles sont toutes deux d’habiles archers et des défenseurs de la nature sauvage et des jeunes animaux.

Cependant, il existe également des différences entre les deux déesses. N’Game est principalement associée à la mythologie africaine, tandis qu’Artémis est une déesse grecque. Leurs histoires et leurs antécédents peuvent également varier en fonction de la culture et de l’époque à laquelle elles étaient vénérées.
En outre, Artémis est souvent présentée comme une déesse vierge, protectrice des femmes et de l’accouchement, alors que N’Game est associée à la mythologie africaine et a eu des enfants.
🌐 Conclusion : Une sagesse vivante pour notre temps
Les contes de N’Game et les croyances akan nous rappellent que spiritualité et culture ne peuvent être dissociées. Dans un monde en quête de repères, leur vision circulaire du temps, leur lien avec la nature et leur profond respect des anciens offrent une boussole précieuse. N’Game incarne l’équilibre, la justice et la puissance de la nature féminine sacrée. Elle nous enseigne que la spiritualité ne réside pas dans la domination mais dans l’harmonie, que les récits des femmes sont porteurs de civilisation, et que le respect des ancêtres est aussi le respect de notre propre humanité.
Cette tradition met en lumière l’importance du matriarcat dans la transmission du sacré, soulignant la sagesse des lignées féminines qui ont su préserver la mémoire divine. Comprendre ces traditions, c’est honorer un patrimoine mondial trop souvent ignoré, et reconsidérer la place des femmes dans le divin.
🎥 Documentaires et films recommandés
- Ancestral Voices: Esoteric African Knowledge (2017)
- The Lost Kingdoms of Africa (BBC, épisode sur les Ashanti)
- Indigenes d’Afrique (France 5)
📖 Sources et lectures
- Adinkra.org
- UNESCO – Patrimoine Akan
- African History on World Atlas
- NYAME: the Akan Supreme God
- Her Cyclopedia
❖ Bibliographie
- Dictionnaires et encyclopédies Britannica, Larousse et Universalis.
- Encyclopédie de la mythologie d’Arthur COTTERELL; (plusieurs éditions) Oxford 2000
- Encyclopedia of Ancient Deities de de Charles RUSSELL COULTER et Patricia Turner
- Dictionnaire des mythologies en 2 volumes d’Yves BONNEFOY, Flammarion, Paris, 1999.
- L’encyclopédie de la mythologie : Dieux, héros et croyances du monde entier de Neil PHILIP, Editions Rouge et Or, 2010
- Mythes et légendes du monde entier; Editions de Lodi, Collectif 2006.
- Mythes et mythologie de Félix GUIRAND et Joël SCHMIDT, Larousse, 1996.
- Dictionnaire des symboles de Jean CHEVALIER et Alain GHEERBRANT, 1997
- Dictionnaire de la fable de François NOEL
- Dictionnaire critique de mythologie de Jean-Loïc LE QUELLEC et Bernard SERGENT
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